1/budget ... 2/accidents ... 3/circulation ... 4/biodiversité
ÉPISODE 3 : Favoriser quels usages ?
Omission du trafic induit par le projet
Il y a un biais dans cette étude d’impact. Elle énonce plusieurs buts :
• la sécurité de tous les usagers ;
• les besoins de déplacements locaux et de transit ;
• le développement économique et touristique, en fiabilisant les temps de parcours et en valorisant le patrimoine ;
• améliorer la liaison entre les grandes villes.
Sur ces 4 objectifs, 3 vont dans le sens d’une augmentation de la fréquentation de la route. Mais pour calculer les impacts environnementaux du projet, un seul objectif est retenu : la sécurité. Conclusion : « Les aménagements réalisés n’induisent pas de variation de trafic ».
À partir de cette supposition jamais justifiée, il est déduit que la pollution sonore, atmosphérique, la consommation énergétique, le développement de l’urbanisation, l’impact sur les zones sensibles, etc. seront les mêmes AVEC ou SANS le projet. Pourtant, de nombreuses études montrent qu’en améliorant la qualité d’un itinéraire (augmentation de sa capacité, réduction et fiabilisation des temps de parcours), on augmente le trafic (intensification de la fréquentation ordinaire et nouveaux usager·es)(1).
Doubler, ça pollue
Les voies de dépassement sont forcément dans le sens de la montée, le contraire serait trop dangereux. Mais les pollutions engendrées par les accélérations en montée pour doubler ne sont pas évoquées. Au contraire, l’étude conclue globalement à une diminution des gaz à effet de serre grâce à la fluidification et à « l’amélioration de l’efficacité des véhicules ».
Transports en commun : les grands absents
Les problèmes que posent la dépendance automobile et les camions sont ignorés. Le projet ne se préoccupe absolument pas des transports en commun. Pourtant, leur développement est un objectif du Schéma de COhérence Territorial, avec lequel le projet proclame sa compatibilité. Et lors de la concertation, les habitant·es ont confirmé l’importance du train pour le Trièves. Tandis que l’urgence climatique nous enjoint à réduire drastiquement nos émissions de CO2, et sachant que la voiture est l’un des premiers postes, l’orientation des transports vers des modes collectifs, le fret ferroviaire et le vélo n’est plus optionnelle.
Voies cyclables : le strict minimum
Le projet est décrit comme ayant une incidence positive sur les « modes doux ». En fait, il s’en tient à des bandes cyclables peintes au sol et non séparées de la chaussée, réalisées au fil des 10 ans de travaux et sans continuité.
Le premier objectif du projet est pourtant « la sécurité de tous les usagers ». Or, pour développer la pratique cycliste, « les aménagements de voirie sont encore plus indispensables en zones peu denses qu’en ville, compte tenu du différentiel de vitesse plus élevé entre la voiture et le vélo » (2).
À côté d’aménagements minimalistes et dangereux, d’autres sont disproportionnés et coûteux, tel les 7 passages souterrains. Baisser simplement la vitesse à l’approche des croisements concernés serait au contraire une solution peu coûteuse et efficace.
1 - Voir le rapport « l’induction de trafic » publié par le Sétra en 2012 2 - Rapport sénatorial n°313 2020-2021 6)