Lundi 13 Juin 2022
Travaux sur la RD1075
Le Département s’obstine, la résistance s’organise !
Jeudi 16 juin à 18h, les Lichens invitent les opposant·es à un apéro partagé chez Chantal*
Chez Chantal car presque la moitié de son terrain, à Saint-Maurice au bord de la RD1075, est menacé d’expropriation pour faire un carrefour gigantesque à l’intersection avec... la piste forestière.
Pour défendre ce lieu et tous les êtres qui l’habitent, nous y établirons un premier quartier général, ou plutôt nous fixerons là nos premiers filaments de lichens !
Jeudi 16 juin, nous fêterons l’inauguration de ce lieu.
LE DÉPARTEMENT S’OBSTINE
Face aux interrogations et mécontentements exprimés lors de l’enquête publique, le Département, conformément à ses obligations légales, a transmis ses réponses (publiées dans l’avis de la commission d’enquête). Petit florilège d’un argumentaire spécieux, et qui ne répond absolument pas aux problèmes fondamentaux soulevés par les contributions.
Hausse du trafic induit par le projet :
-
Comment prétendre que le projet ne provoquera pas de hausse du trafic, tout en affirmant que l’un des objectifs est le développement touristique et économique ? Le Département ne répond pas à cette contradiction, et ne fait que répéter son mantra : « La modification de l’infrastructure, telle que prévue par le projet, ne fera pas augmenter sensiblement le trafic sur la RD 1075. »
-
Par rapport aux changements de gabarit dans les Hautes-Alpes pour permettre le passage de véhicules de 4,30 m de haut, le Département continue à nier qu’ils auraient un quelconque impact sur la fréquentation des camions sur la RD. Même la commission d’enquête ne peut pas décemment laisser passer : « Cette affirmation demanderait à être démontrée. Intuitivement (comme le pensent certains contributeurs), il est possible de supposer que cette augmentation de gabarit aura malgré tout une influence. » L’argument du Département est qu’il ne s’agirait que de trajets locaux (sous-entendu, c’est pour notre bien !). Et comme en parallèle le ferroutage n’est pas de sa compétence obligatoire, il s’épargne toute réflexion de fond sur le transport des marchandises.
-
Quant aux automobilistes, iels n’emprunteraient pas davantage l’itinéraire fluidifié, car dans le Buech les « traversées d’agglomération continueront à limiter la capacité de l’axe les jours de grand transit. » Les habitant·es là-bas sont sans doute ravi·es que leurs villages servent d’entonnoir ! Et là encore, la commission tique quand même un peu : « l’amélioration de l’itinéraire dans le Trièves pourrait être malgré tout un appel à l’utiliser, l’automobiliste n’étant pas forcément conscient de la saturation induite par les traversées d’agglomération suivantes. »
-
Même déni du Département concernant les aménagements au Rondeau, censés n’avoir d’impact que sur le trafic au sein de la métropole grenobloise.
Demandes d’investir en faveur du train et du vélo plutôt que de l’automobile :
-
Pour prouver que le projet est « tout à fait complémentaire » de la ligne ferroviaire, le Département continue à mettre en avant l’aumône qu’il a accordée au train, à savoir 2 M€, comparés aux 70 M€ consacrés à la RD.
-
Les demandes réitérées de voies cyclables protégées font l’objet d’une fin de non-recevoir, sous prétexte qu’elles consommeraient des terres agricoles !! Donc quand il s’agit de bitumer les champs pour les voitures, tout va bien, mais quand on demande qu’à la place y roulent des vélos, là le Département devient subitement écolo !
-
Et le pompon : « En conclusion, le Département confirme la nécessité impérieuse de sécuriser cet axe stratégique au regard de son caractère accidentogène et du développement de la pratique des modes doux ». Comme si ce projet avait comme finalité d’encourager le vélo ! Avec 3 voies de camions, voitures avec caravanes et motards à 90 km/h au ras des fesses, les cyclistes vont effectivement se régaler.
Utilité publique non justifiée par les données d’accidentologie :
-
Le Département s’avère toujours incapable de démontrer la nécessité et la pertinence des créneaux de dépassement. Il produit de nouveaux chiffres : depuis 2009, sont dénombrés 14 accidents dus à un choc frontal, dont 5 où il est avéré qu’il s’agit d’un dépassement. Au total, ce sont donc 2 morts en 12 ans qui justifieraient tout le projet. Le Département continue à brandir ce fallacieux argument sécuritaire, alors que son objectif est le développement du trafic des vacanciers vers la Côte d’Azur et des colis Amazon. Et nous attendons toujours des données comparatives avec le nombre de morts que provoquerait la mise en œuvre du projet : les accidents dus à l’augmentation du trafic et de la vitesse, les mortalités prématurées dues à la pollution de l’air, à la contribution au réchauffement climatique, etc.
-
Pour justifier ses voies de dépassement, le Département les compare avec l’alternative selon lui, qui consisterait à obtenir une visibilité supérieure à 500 m sur 1/4 du parcours : autrement dit, raser la montagne. Jamais il n’étudie un scénario réellement alternatif, consistant à réduire la vitesse sur tout le parcours (y compris en diminuant la visibilité !). Il se contente de clarifier que le 90 km/h ne sera pas généralisé sur tout le tronçon – mais bien sur les voies de dépassement...
Augmentation des pollutions :
-
Concernant les pollutions sonores, la grande réponse du Département est d’utiliser « des enrobés à caractéristiques acoustiques ». Faut-il faire vrombir une moto dans le bureau de Mme Puissat pour qu’elle comprenne le problème ? D’ailleurs, pas question pour le Département de se fâcher avec la Fédération française des motards en colère : c’est la seule contribution à laquelle il répond poliment qu’il se tient à leur disposition pour de plus amples discussions. Nous aux Lichens, on aurait aimé recevoir une si gentille invitation, après tous les courriers qu’on lui envoie depuis des années !
-
Les pollutions atmosphériques ? Elles seraient compensées par les améliorations des véhicules. C’est exactement ce qu’on appelle l’effet rebond : on peut continuer à augmenter le nombre de voitures, puisque chacune pollue un tout petit peu moins.
Atteintes à la biodiversité :
-
Pour montrer sa volonté de prendre « en compte les enjeux environnementaux du 21 ème siècle », le Département, dans sa grande mansuétude, prend l’engagement de renaturer les délaissés. C’est bien la moindre des choses ! Mais cela ne répare pas les destructions faites par ailleurs.
-
Quant à la logique même du projet, fondamentalement nuisible au vivant en empirant la politique du tout automobile, le Département ne s’en explique évidement jamais. Il ne se sent apparemment pas comptable de tous les engagements internationaux et des lois françaises. Comment compte-t-il faire sa part pour diminuer de 37,5 % les émissions de CO2 ? enrayer la déforestation ? tripler la part du vélo ? diviser par 2 l’artificialisation ? Et tout cela d’ici 2030, soit au beau milieu des travaux prévus ?