4 novembre 2020

invitation à une rencontre débat - Travaux sur la RD1075 : quels choix politiques ?

Les travaux décidés par le Département sont prévus sur dix ans à partir de la fin 2020. Les oppositions exprimées lors de la concertation publique n’ont pas été entendues, mais l'enquête d'utilité publique n'a pas encore eu lieu.

Le collectif des Lichens vous invite à une rencontre avec la population pour informer, s’informer et débattre. Elle se tiendra le mercredi 4 novembre à 19h19 à Clelles (lieu à définir).

Quatre questions nous paraissent résumer les enjeux de ce projet de travaux.

Fluidifier le trafic, ou réduire la vitesse ?

« Un certain nombre de participants craignent que les améliorations apportées par les nouveaux aménagements soient sources d’attractivité et in fine, se traduisent par une hausse du trafic sur l’axe »*.

Pour répondre à la « dangerosité » de la route, le Département propose divers types de travaux (carrefours aménagés, voies de dépassements, rabotage de colline (!), et rectification de courbes) qui vont entraîner la fluidification du trafic. Les créneaux de dépassement représentent à eux seuls 38 millions d’euros, soit près des deux tiers du budget total (57 millions) : vroum ! C'est une fuite en avant : plus les aménagements rendent le trafic fluide, plus il augmente, selon une règle bien connue en urbanisme. Si l'objectif est vraiment la sécurité routière, la seule solution, qui en plus est économique et facile à mettre en œuvre, consiste à réduire la vitesse. L’association pour le développement des transports en commun (ADTC) résume : « la sécurité a bon dos » !

Financer le train ou la route ?

« Il est suggéré que l’amélioration de la voie de chemin de fer, passant à proximité de la RD 1075, serait aussi un moyen de répondre aux enjeux de sécurisation et de fluidification »*.

De l’aveu même du Département à propos des infrastructures, « l’argent est rare ». S’il faut faire des choix, quels transports voulons-nous ? Une grande partie des usages de la RD 1075 peut être reportée sur le train, que la route double sur toute sa longueur. Le rail est beaucoup plus sûr et beaucoup plus écologique (les études montrent que même les trains au diesel comme les nôtres consomment moins que les cars par passager transporté). Mais il a fallu tordre le bras au Département pour qu’il s’engage chichement à contribuer aux travaux ferroviaires. La somme engagée sur 32 km de route permettrait de financer la totalité des travaux de voie restant à financer sur le train, pour 85 km de ligne** ! Et oui, c'est bien la route, et non le train, qui coûte cher à la collectivité, notamment à cause de l'usure causée par les camions (un 30 tonnes use la route 10 000 fois plus vite qu’une voiture). Nous demandons que le budget soit investi sur la voie ferrée pour rendre le train plus efficace et attractif, relancer le fret, réduire la circulation des automobiles et des poids-lourds, et faciliter ainsi l'utilisation de la RD par les vélos !

Doubler les camions, ou les interdire ?

« La hausse de la fréquentation par les poids-lourds est particulièrement appréhendée, en raison des embouteillages et des nuisances sonores qu’elle pourrait générer »*.

Les travaux sont censés faciliter à la fois la desserte locale du Trièves et le transit, mais nous savons bien que c'est ce dernier qui prévaut (en témoignent les complications de traversée qui se profilent pour des agriculteurs ayant des parcelles des deux côtés de la départementale). Quelles marchandises sont si indispensables à nos vies qu’on doive leur faire traverser le monde dans des cargos et des camions au prix de la santé des humain-es et de l'existence des autres vivants ? A l’heure où 67 000 personnes en France meurent chaque année à cause de la pollution de l'air, faut-il vraiment faciliter le dépassement de tous ces camions (un toutes les deux minutes au col du Fau) ou faut-il les interdire ? Les maires de la vallée de la Roya ont fait ce choix, en interdisant les poids-lourds de plus de 19 tonnes (c’est à dire de plus de deux essieux).

Peut-on continuer à nier l’urgence climatique ?

« Des contributions s’interrogent sur la pertinence de cet investissement en faveur du mode routier à l’heure où le développement des mobilités alternatives à la voiture est une préoccupation croissante. De nombreuses contributions analysent également le projet face aux enjeux climatiques et à la notion de transition écologique »*.

Sur une pente à 6 % (comme sous le col de la Croix haute), un camion de 40 tonnes consomme 190 litres aux 100 km ! Pour faciliter sa circulation, combien de mètres carrés supplémentaires vont être volés aux écosystèmes ? Combien d'arbres abattus, quelle surface de terre stérilisée ? Combien de tonnes de matériaux vont être extraits ? Et combien de travail humain payé au lance-pierre par une entreprise cotée en bourse qui va se remplir les poches ? La France s’est engagée à limiter ses émissions de CO2 pour rester sous les 1,5 degrés de réchauffement climatique. Doit-on laisser les autorités mentir et continuer comme si de rien n’était leur politique en faveur du tout-routier ? Ce sont nos forêts, nos champs, c’est notre avenir ; ce sont leurs marchandises, leurs travaux, c’est leur projet mortifère : refusons-le !

*Les citations ci-dessus sont tirées du bilan de la concertation publique organisée sur le projet de travaux, qui s’est tenue en février 2019. Le Département va-t-il tenir compte de l’avis des habitant-e-s du Trièves ?

** Le coût des travaux de voie et d’ouvrages d’art sur la ligne Grenoble-Gap (pour la partie Auvergne-Rhône-Alpes de la ligne) est estimé à 90 millions. 30 millions ont été récemment budgétés pour les travaux les plus urgents. Les 57 millions du Département permettraient de financer les travaux restants !