Contre les travaux sur la RD 1075 : appel à vélorution !

Contre le projet absurde visant à faire couler 57 millions d’euros de bitume sur la RD1075, nous appelons à organiser une vélorution historique entre le Col de Lus et le Col du Fau, cet été. Bien que quelques opérations anticipées aient déjà eu lieu, ces travaux décidés par le Département sont prévus à partir de la fin 2020. L'enquête d'utilité publique n'a pas encore eu lieu, il est encore temps de les empêcher !

Pour répondre à la « dangerosité » de la route, le Département propose quatre types de travaux (carrefours aménagés, voies de dépassements, rabotage de colline (!), et rectification de courbes) qui visent à améliorer la visibilité, à favoriser les dépassements donc à augmenter la vitesse ! Un seul exemple : à Saint-Maurice, une collision a causé 8 blessés en 2017 sur une zone connue comme à risque. Le maire demande une limitation à 70km/h. A la place, 800 000€ vont être dépensés, mais la vitesse sera maintenue. Vroum ! Plus les aménagements rendent le trafic fluide, plus le trafic augmente, c'est une règle bien connue en urbanisme, et c'est une fuite en avant. Si l'objectif est vraiment la sécurité routière, la seule solution, qui en plus est économique et facile à mettre en œuvre, consiste à réduire la vitesse.

Et aussi à reporter des usages vers le train, qui double la RD 1075 sur toute sa longueur. Le rail est beaucoup plus sûr et beaucoup plus écologique (les études montrent que même les trains au diesel comme les nôtres consomment moins que les cars par passager transporté). Mais il a fallu littéralement tordre le bras au Département (et à sa représentante locale) pour qu’il s’engage chichement à contribuer aux travaux ferroviaires. La somme engagée sur 32 km de route permettrait de financer 10 ans de travaux sur le train, pour les 110 km de ligne !

Combien de mètres carrés supplémentaires vont être volés aux écosystèmes ? Combien d'arbres abattus, quelle surface de terre stérilisée ? Combien de tonnes de matériaux vont être extraits ? Et combien de travail humain payé au lance-pierre par une entreprise cotée en bourse qui va se remplir les poches ? A l’heure où 67 000 personnes en France meurent chaque année à cause de la pollution de l'air, faut-il faciliter le dépassement de tous ces camions (un toutes les deux minutes au col du Fau) ou faut-il les interdire ?

Quels transports voulons-nous ? Quelles marchandises sont si indispensables à nos vies qu’on doive leur faire traverser le monde dans des cargos et des camions au prix de la santé des humain-es et de l'existence des autres vivants ? Les travaux sont censés faciliter à la fois la desserte locale du Trièves et le transit, mais nous savons bien que c'est ce dernier qui prévaut (en témoignent par exemple les complications de traversée qui se profilent pour des agriculteurs ayant des parcelles des deux côtés de la départementale). Voulons-nous soutenir un tourisme, qu'il soit élitiste ou de masse, qui consiste à aller toujours plus vite envahir les pistes de ski sans neige et les bords de mer bétonnés ? La France s’est engagée à limiter ses émissions de CO2 pour rester sous les 1,5 degrés de réchauffement climatique. Doit-on laisser les autorités mentir et continuer comme si de rien n’était leur politique en faveur du tout-routier ? Ce sont nos forêts, nos champs, c’est notre avenir ; ce sont leurs marchandises, leurs travaux, c’est leur projet mortifère : refusons-le !

A51 ou travaux sur la RD1075 : faut-il vraiment choisir ?

Lors de la lutte contre l'A51, certain-e-s opposant-e-s ont argumenté que, à la place de construire l'autoroute, il était préférable d'aménager la RD1075. Aujourd'hui certain-e-s se sentent tenu-e-s par ce qu'iels considèrent comme un engagement, et sont rassuré-e-s par ces travaux qui semblent acter dans le marbre – le bitume plutôt – l'abandon de l'autoroute. Mais ce n'est pas parce que nous empêcherions ces aménagements que le projet d'autoroute nous reviendrait comme une punition. Et ce n'est pas parce que des travaux seraient faits sur la nationale que le projet de l'autoroute serait définitivement enterré ! S’ils estiment le rapport de force en leur faveur, ils nous le ressortiront quoi qu’il arrive. Accepter les aménagements par peur de l'autoroute, ce serait justement affaiblir le rapport de force que nous avons su établir à travers la belle lutte contre l’A51, puis pour le maintien des trains.

Nous n'avons pas à gérer le monde qu'ils créent et nous imposent. Ils ont mis des marchandises dans des containers, des containers sur des camions, et des camions sur des routes de montagne : c'est leur affaire, nous n'avons pas à trouver comment faire circuler tout cela. Aujourd’hui l’heure est à l’urgence de réduire les transports routiers : nous devons refuser l'autoroute ET les aménagements sur la RD1075.

Collectif des lichens ( organismes sensibles aux polluants atmosphériques, qu'on utilise comme bioindicateurs) leslichens@riseup.net